Pendant longtemps, les coûts salariaux en France élevée – en particulier compte tenu du fort montant des cotisations sociales, la part patronale et salariale représentant plus de 70% du salaire – ont été un facteur d’accélération des délocalisations des entreprises industrielles françaises à l’étranger. Depuis 2014, de gros efforts ont été déployés pour atténuer ce problème fondamental. L’instauration d’un crédit d’impôt (“CICE“), accordé aux entreprises sur la base de 2,5 fois le salaire des bénéficiaires du „SMIC“ ont particulièrement contribué à sa résolution. Le crédit d’impôt annuel sera converti en 2019 en une réduction définitive et permanente de la cotisation sociale de l’employeur.
En tenant compte de cette mesure, le salaire minimal (« SMIC ») revient à 18.941 € sur une base annuelle. Ce montant est à la hauteur du salaire annuel minimal de la Belgique, de l’Allemagne, et des Pays-Bas. Il n’y a qu’en Espagne, où ce montant est encore plus faible à 12.868 €.
La charge du « SMIC » s’est normalisée en raison notamment de la réduction drastique des cotisations sociales de l’employeur par rapport au reste de l’Europe. Le montant annuel des cotisations sociales pour le SMIC n’est donc que de 1 178 € contre 3 492 € en Allemagne. Suite aux modifications prévues du budget 2019, les cotisations de sécurité sociale, qui sont basées sur le SMIC, diminueront à nouveau de 10%. Cette influence massive sur les bas salaires avec l’aide des allègements des cotisations sociales, vise à soutenir en particulier la création d’emplois pour les travailleurs non qualifiés, qui constituent souvent la majorité des chômeurs français de longue durée.
Le niveau moyen des coûts salariaux, y compris les cotisations patronales à la sécurité sociale, est désormais légèrement inférieur en France par rapport à l’Allemagne et aux Pays-Bas. Cela est vrai même si, selon l’Office statistique européen, le salaire horaire en 2017 pour l’industrie manufacturière en France s’élève à 36 € et reste donc légèrement supérieur à celui de l’Allemagne (34,80 €). Cela est due au fait que les mesures de réduction décrites ci-dessus se concentrent uniquement sur le niveau de salaire le plus bas.
Malheureusement, les investisseurs étrangers n’ont pas encore connaissance de l’ampleur de ces mesures d’allègement de cotisations sociales sur les bas salaires. Ainsi, selon une étude publiée en juin 2018 par le cabinet de conseil international Ernst & Young, c’est 38% des investisseurs étrangers interrogés qui considèrent le coût de la main d’œuvre comme un frein à l’investissement en France, alors que ce chiffre n’étaient encore que de 31% en 2017.
Auteur : www.coffra.de/fr
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