La défense franco-allemande : Huit propositions pour une collaboration bilatérale efficace

Le contexte international exige une coopération franco-allemande renforcée pour consolider la défense européenne.

Dans un contexte international exigeant une coopération franco-allemande renforcée pour consolider la défense européenne, les relations entre la France et l’Allemagne se caractérisent par un éloignement stratégique et des divergences croissantes. Autrefois motivée par la réconciliation après trois conflits, cette coopération semble aujourd’hui guidée par l’habitude plutôt que par un véritable projet politique commun, se manifestant par la sous-utilisation du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (CFADS). Bien que ces instances ne puissent résoudre toutes les difficultés, elles sont cruciales pour élaborer une vision commune et maintenir la cohérence des initiatives en cours. Convaincus de leur importance, l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) propose huit recommandations pour relancer et réformer ces instances de coopération bilatérale en matière de défense.

Le Conseil Franco-Allemand de Défense et de Sécurité (CFADS)

Créé par le Protocole additionnel au Traité de l’Élysée de 1988, le CFADS offre un cadre de dialogue au plus haut niveau entre la France et l’Allemagne dans le domaine de la sécurité et de la défense. Réunissant les chefs d’État et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que les chefs d’état-major des armées des deux pays, ses missions incluent l’élaboration de conceptions communes, la concertation sur les questions de sécurité européenne, la coopération militaire et l’amélioration de l’interopérabilité entre les deux armées.

Cependant, la pratique ne reflète pas les intentions initiales. Prévu pour se tenir deux fois par an, le CFADS ne se réunit plus qu’annuellement depuis 2008. De plus, certaines instances créées en 1988 ont cessé d’exister, fonctionnant aujourd’hui indépendamment et nuisant à la cohérence d’ensemble. Il est donc essentiel de réformer ces instances pour une architecture plus cohérente et efficace.

Les recommandations d’IRIS

1. Décorréler le CFADS du Conseil des Ministres Franco-Allemand (CMFA) Séparer ces instances garantirait des réunions CFADS régulières et approfondies sur des sujets stratégiques.
2. Maintenir un rythme régulier pour le CFADS Un rythme annuel, avec des réunions supplémentaires en cas de crise, maintiendrait l’impulsion politique nécessaire à la coopération bilatérale tout en préservant la flexibilité.
3. Harmoniser les calendriers des différents organes subordonnés au CFADS Créer des synergies entre les groupes de travail subordonnés au CFADS est indispensable pour leur efficacité.
4. Réactiver le Secrétariat du Conseil Réactiver ce secrétariat avec une composition élargie permettrait de mieux suivre l’avancement des groupes de travail et de coordonner leurs efforts.
5. Réactiver le Groupe de Travail « Coopération Armement » (GTCA) Sa réactivation permettrait d’élaborer une vision d’ensemble et de traiter des sujets communs aux différents programmes.
6. Ajuster le Groupe de Travail « Stratégie et Désarmement » (GTSD) Le réintroduire comme organe formel de coopération pour proposer des réflexions sur des sujets stratégiques tels que la future architecture de sécurité européenne ou le rôle de la dissuasion nucléaire.
7. Ajuster la composition du CFADS au cas par cas Une approche flexible permettrait d’ajuster le format des réunions selon les priorités, en incluant des experts spécifiques lorsque nécessaire.
8. Inclure davantage les parlements nationaux dans les travaux du CFADS Impliquer les parlements nationaux favoriserait un échange étroit et régulier avec ces institutions, renforçant ainsi la coopération.

Lien :

https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2024/05/4_ObsAllemagne.pdf

Auteure : Jitka Mencl-Goudier

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