En février 2025, dans un contexte international marqué par un bouleversement politique aux États-Unis, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lance un appel à l’action. Le changement de cap américain remet en question le multilatéralisme, affaiblit les alliances traditionnelles et déstabilise l’équilibre économique mondial. Face à ce choc, Villeroy de Galhau rejette tout fatalisme. Il appelle la France et l’Europe à renforcer leur autonomie stratégique et économique en augmentant leur niveau d’ambition et en se projetant ensemble dans l’avenir. Il insiste sur le fait que l’heure n’est plus à l’immobilisme, mais à la mobilisation collective pour défendre les intérêts européens dans un monde en mutation.
Le premier axe de cette mobilisation est la souveraineté monétaire. La stabilité de l’Euro, qui a retrouvé un taux d’inflation inférieur à 2 % en France, est primordiale. Villeroy de Galhau propose d’aller plus loin : l’Europe doit développer un Euro numérique et renforcer le rôle international de la monnaie commune. Parallèlement, il souligne l’urgence de redresser la situation budgétaire de la France. La dette publique, trop élevée, reste un point faible majeur. L’objectif est de réduire le déficit à 5,4 % du PIB en 2025 et de revenir à un déficit durable de moins de 3 % d’ici 2029, grâce à une gestion plus efficace des finances publiques à tous les niveaux – de l’État aux collectivités locales.
La croissance économique en France reste faible, estimée à environ 1 %. Pour atteindre un taux de croissance de 1,5 %, Villeroy de Galhau propose de renforcer l’emploi, notamment pour les jeunes et les travailleurs âgés. Cela nécessite des réformes profondes dans la formation professionnelle, l’adaptation des systèmes de retraite aux réalités actuelles et une meilleure intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de production. L’investissement dans l’emploi est perçu non seulement comme un levier économique, mais aussi comme un impératif social.
La réduction des dépenses publiques est essentielle pour rétablir la santé budgétaire du pays. Une gestion plus efficace des ressources publiques, qu’elles proviennent de l’État, des collectivités locales ou des secteurs sociaux, est indispensable pour atteindre les objectifs de réduction du déficit. Cela nécessite une révision des priorités de dépenses, en investissant dans les secteurs qui garantiront la compétitivité future, comme les infrastructures numériques et les technologies innovantes.
L’Europe doit jouer un rôle central dans cette stratégie de renouveau. L’intégration du marché unique doit se poursuivre en éliminant les obstacles au libre échange des biens, des services et du capital. Des investissements ciblés dans des technologies clés, une accélération des processus décisionnels et une réduction de la bureaucratie sont nécessaires. Les rapports d’Enrico Letta et de Mario Draghi offrent déjà une feuille de route. Il est maintenant temps d’agir, avec une coopération renforcée entre les États européens dans des domaines cruciaux tels que le climat, l’innovation, le commerce et le développement.
Autor: Charles Beck, Pôle Franco-Allemand
https://unsplash.com/de/fotos/blau-gelbe-sternflagge-8Yw6tsB8tnc