Le groupe allemand Rethmann a finalisé l’acquisition des 34 % de parts de Transdev détenues jusqu’ici par la Caisse des Dépôts et Consignations, devenant ainsi actionnaire majoritaire du géant français du transport public avec une participation portée à 66 %. L’opération, d’un montant estimé à 450 millions de dollars, marque une étape décisive dans le développement européen du groupe familial allemand.
Une montée en puissance sur le marché français
Avec cette prise de contrôle majoritaire, la France devient le deuxième marché de Rethmann après l’Allemagne. Le groupe y emploie désormais 39 000 personnes pour un chiffre d’affaires annuel dépassant les 4 milliards d’euros. À l’échelle mondiale, l’intégration complète de Transdev permet à Rethmann de franchir une nouvelle dimension : ses effectifs globaux atteignent les 200 000 salariés, et son chiffre d’affaires bondit de 24,5 à 35 milliards d’euros.
Fondé sur un modèle d’affaires centré sur la gestion des transports publics, des déchets et de l’eau, Rethmann était déjà actionnaire à hauteur de 33 % de Transdev depuis une première prise de participation stratégique il y a dix ans. À l’époque, l’opérateur français connaissait une croissance stagnante. L’arrivée du groupe allemand avait permis une relance significative des activités de Transdev, notamment à l’international.
Une stratégie de croissance durable et intégrée
Rethmann applique une politique d’investissement agressive mais structurée : le groupe réalise en moyenne 200 acquisitions par an. Cette approche, centrée sur la croissance organique et externe, s’inscrit dans une philosophie à long terme. Son PDG, Ludger Rethmann, prône un réinvestissement massif des bénéfices – plafonnant à 10 % le versement de dividendes – pour soutenir l’innovation, la modernisation des infrastructures et la stabilité des équipes dirigeantes.
Cette vision, centrée sur la durabilité économique, a néanmoins attiré l’attention des autorités européennes. La Commission européenne a examiné de près la transaction, compte tenu de la taille grandissante de Rethmann sur plusieurs marchés stratégiques. En mai 2025, l’opération a été validée par Bruxelles, au motif que Rethmann et Transdev n’évoluent pas sur les mêmes marchés ou sur des segments verticalement liés, écartant ainsi tout risque de distorsion de concurrence.
Un modèle de coopération franco-allemande au service de l’Europe
Au-delà des enjeux financiers, cette opération illustre une volonté claire de renforcer les coopérations économiques entre la France et l’Allemagne. Ludger Rethmann, fervent défenseur de l’intégration européenne, voit dans le rapprochement des grands acteurs franco-allemands une opportunité de faire émerger des « champions européens » dans des secteurs clés comme les transports publics ou la gestion des déchets.
« Bien sûr, il existe des différences culturelles entre nos pays », reconnaît-il. « En France, le PDG est souvent perçu comme un ‘grand patron’, ce qui diffère du modèle de gouvernance plus collégial en Allemagne. Mais en tant qu’Européens, nous devons nous concentrer sur ce que nous avons en commun. » Il ajoute avoir bon espoir que, sous le gouvernement de Friedrich Merz, de nouvelles opportunités de coopération franco-allemande puissent émerger.
Cette vision stratégique laisse entrevoir l’émergence d’un nouvel acteur de dimension européenne, à l’image d’Airbus, né lui aussi d’une coopération transfrontalière. Dans un contexte de transition écologique et de réindustrialisation de l’Europe, le développement d’un groupe comme Rethmann-Transdev pourrait bien préfigurer une nouvelle ère de souveraineté industrielle européenne.
Auteur : Pole Franco-Allemand
Source : https://www.pexels.com/de-de/foto/stadt-verkehr-schienen-zug-18510430/