Malgré un contexte difficile, où les mises en chantier dans le domaine éolien sont soumises aux critiques, tandis que des discussions politiques sur la transition énergétique sont toujours ouvertes, les objectifs de l’Allemagne en matière de politique énergétique n’en demeurent pas moins les plus ambitieux au monde. D’ici 2050, 80 % de l’électricité devra provenir des énergies renouvelables. Dans le cadre de la transition énergétique, le charbon, le gaz et le nucléaire seront remplacés par des sources d’énergie renouvelable. Concrètement, la dernière centrale nucléaire sera arrêtée d’ici 2022 et la sortie du charbon est planifiée pour 2038. La part de l’électricité verte doit enfin s’accroître jusqu’à 65 % d’ici 2030.
Les calculs de l’agence fédérale de l’environnement montrent que les énergies renouvelables se substituent plus particulièrement au charbon et au gaz naturel dans le mix énergétique allemand. L’utilisation des énergies renouvelables dans le domaine du chauffage et des transports entraîne également des économies de fioul, de gasoil et d’essence. Selon les données de la fédération allemande de l’énergie éolienne (Bundesverband Windenergie BWE), en 2019, l’énergie éolienne a, pour la première fois, produit plus d’électricité que toute autre source d’énergie. Le vent a ainsi détrôné le charbon à la première place du mix d’énergie électrique.
En 2019, les énergies renouvelables ont produit 143 milliards de kilowattheures. La part d’électricité utilisée issue des sources renouvelables se situe à 43 % en 2019, contre 38,2 % en 2018. Ces chiffres émanent des calculs provisoires du centre de recherche sur l’énergie solaire et sur l’hydrogène du Bade-Wurtemberg (ZSW) et de la fédération allemande de l’économie énergétique et hydraulique (BDEW). Les éoliennes terrestres ont généré la plus grande part de la production d’électricité renouvelable. En raison d’un temps venteux, elles ont pratiquement généré 104 milliards de kilowattheures. Suivent ensuite les installations photovoltaïques, la biomasse et l’énergie éolienne offshore. L’énergie hydraulique se positionne à la cinquième place.
Le Docteur Patrick Graichen, directeur d’AGORA Energiewende, nuance toutefois les perspectives de l’étude annuelle 2019 publiée le 7 janvier. « Le développement de l’énergie éolienne s’est effondré de presque 80 % au cours des deux dernières années. Il est donc pratiquement à l’arrêt. En 2019, les appels d’offres pour de nouvelles centrales éoliennes n’ont pas totalement été exploités, nous ne verrons donc pas, dans les années à venir, de chiffres impressionnants de croissance dans l’énergie éolienne. Il est maintenant du ressort du gouvernement fédéral de rapidement modifier les conditions de ce cadre pour à nouveau faire progresser l’éolien. Il est le fer de lance de la transition énergétique : sans énergie éolienne, nous n’allons atteindre ni la sortie du charbon, ni les objectifs de protection du climat » explique-t-il.
Auteur : Jitka MENCL-GOUDIER
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