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Que reste-t-il après cinq ans de Macron en matière de politique économique ?

Le bilan de la politique économique de Macron

Que reste-t-il après cinq ans de Macron en matière de politique économique ? Macron est arrivé en tant que réformateur et voulait poursuivre dans sa fonction de président ce qu’il avait déjà commencé en tant que ministre de l’Économie : libérer les forces de croissance par des réformes, renforcer l’attractivité de la France en tant que site économique et rétablir des marges de manœuvre pour une plus grande capacité d’action fiscale (et donc aussi des dépenses sociales). Donner à la France un profil plus favorable aux entreprises était l’une de ses principales préoccupations. Il y est parvenu grâce à des apparitions marquantes comme son engagement en faveur des start-ups et des « licornes » et à des décisions à caractère de signal comme la transformation de l’impôt sur la fortune en un impôt sur l’immobilier. Des sondages montrent que la perception de la France dans le milieu entrepreneurial s’est nettement améliorée. En particulier, les investissements directs étrangers ont connu une croissance notable.

Réduction de l’impôt sur les sociétés, introduction d’une flat tax sur les revenus du capital, réduction des impôts sur la production, allègement des charges sociales, flexibilisation du droit du travail, renforcement du dialogue social au niveau de l’entreprise, réforme de l’assurance chômage et des seuils rigides qui freinent la croissance des entreprises – la liste des réformes de la politique économique, surtout de la première moitié du mandat, est impressionnante. Les réformes n’ont peut-être pas entraîné de changements radicaux dans de nombreux domaines, mais dans l’ensemble, elles ont tout de même modifié sensiblement les conditions cadres en France.

Ces réformes ont été complétées, notamment dans le contexte de la pandémie, par des mesures d’investissement (France Relance, France 2030) visant à renforcer la compétitivité de l’industrie française via un soutien aux activités de R&D. Dans ce contexte, Macron a également rompu avec la politique industrielle davantage axée sur les grandes entreprises dans le passé et a posé plus ouvertement que ses prédécesseurs la question des forces innovantes dans le pays.

Comme pour de nombreuses réformes structurelles, il faut du temps pour qu’elles déploient pleinement leurs effets et se reflètent en conséquence dans les données macroéconomiques. Renforcé par l’effondrement économique lié à la pandémie, le bilan de Macron peut donc sembler plus mitigé qu’il ne le sera avec un peu plus de recul, avec une dette publique qui est passée de 100 % du PIB à 116 % depuis 2017 et une détérioration de la balance du commerce extérieur (passant de -58 milliards à -85 milliards euros), principalement due à la hausse des prix de l’énergie et au dynamisme de la demande intérieure.

Dans ce contexte, l’évolution du marché du travail est tout à fait remarquable. Malgré la pandémie, le chômage a baissé de 9,6 % à 7 % par rapport au début du quinquennat. Le taux d’emploi est passé de 71 % à 74 % et la part des contrats à durée indéterminée (CDI) a parallèlement augmenté (de 48,6 % en 2017 à 50,2 % début 2022), selon les données du Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. L’amélioration est particulièrement notable dans le domaine du chômage des jeunes, qui est tombé à son niveau le plus bas depuis près de 40 ans (mais qui, avec 16 %, reste à un niveau nettement supérieur à celui de l’Allemagne).

L’amélioration est aussi due à un renforcement de la formation professionnelle. Rien qu’entre 2019 et 2022, le nombre de contrats d’apprentissage a doublé. En 2021, 718.000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été conclus, dont 698.000 dans le secteur privé. En 2018, le cadre juridique a été simplifié (Loi Avenir professionnel). Depuis la pandémie, l’embauche de jeunes adultes est subventionnée jusqu’à 8.000 euros (Plan 1 jeune, 1 solution, prolongé jusqu’en juin 2022).  L’augmentation peut aussi avoir été provoquée par des incitations financières, mais si cela permet de changer l’image de cette forme d’insertion professionnelle, l’investissement peut en valoir la peine.

Que reste-t-il en fin de compte ? Quelques développements favorables pour l’économie française, mais aussi un potentiel d’amélioration supplémentaire et l’une ou l’autre problématique française récurrente. Il s’agit de la question de l’efficience et de l’efficacité du quoi qu’il en coûte, des investissements publics réalisés pendant la pandémie et depuis, des risques liés à la dette publique relativement élevée du pays, mais aussi des difficultés persistantes dans le secteur manufacturier.

 

Auteur: Dr. Eileen Keller
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